Oubli

07/10/2019

De l’eau coule sur mon visage.

Elle embue mes yeux qui peinent désormais à te voir au travers de cette cascade de souvenirs perdus. Tu me rappelles sans cesse les joies d’un passé effacé et tu me racontes inlassablement comment on était beaux, comment on était grands.

Une larme coule parfois sur ta joue et glisse jusqu’à ton cou, coup du sort qui s’acharne sur notre histoire qui se perd dans les dédales de mon cerveau qui s’efface.

Tantôt tu espères que des bribes réapparaissent, mais elles sont temporaires et ne sont pas légion.

Je ne te reconnais parfois pas et tu es si triste que ton souffle devient étroit.

Parfois dans mes moments de conscience je redeviens moi et te fais une déclaration digne de l’époque de nos trente ans.

Viendra le temps où nos échanges se feront rares, ou nous n’arriverons plus à peupler nos jours de nos conversations d’antan.

Je m’enfonce petit à petit dans la nuit et dans l’oubli.

Ton visage petit à petit ne m’est plus familier, tu disparais de ma conscience.

Que se passera-t-il quand le vide aura empli ma tête, que les joies et les peines de mon existence se seront évaporées.

Je ne serai plus qu’un être sénile.

Le trésor vivant qui me servait de mémoire n’aura plus de message à délivrer, même à toi l’Amour de ma vie.

Alors je m’éteindrai, je regagnerai la pénombre.

Sans un souffle je disparaîtrai dans l’ombre.

Et toi que deviendras-tu ?

Tu erreras à la recherche d’autres bras….